Figure emblématique de la « génération perdue » qui fut jetée, voire pratiquement sacrifiée dans la Première guerre mondiale et dont les survivants sont revenus totalement désabusés, Ernest HEMINGWAY, sans doute le plus lu des écrivains américains du XXe siècle, est né le 21 juillet 1899 à Oak Park dans l’état de l’Illinois aux Etats-Unis. « Son style d'écriture, caractérisé par l'économie et la litote, a influencé le roman du XXe siècle, comme l'ont fait sa vie d'aventurier et l'image publique qu'il entretenait ».
Son père, Clarence, dentiste, l’initie très jeune à la chasse et à la pêche lors des vacances familiales passées dans un chalet au bord du Wallon Lake, une région encore sauvage du Michigan. Pour son dixième anniversaire, Ernest reçoit un fusil de chasse. Sa mère, Grace Hall, musicienne ayant sacrifié sa vocation pour élever sa famille, cherche à lui inculquer le goût du violoncelle ce qui devient vite une «source de conflit». Deuxième enfant d’une fratrie de six dont cinq filles (il est le seul garçon), il reçoit une éducation stricte dans le respect des valeurs catholiques. Sa mère souhaite une fille et, déçue, l’habille comme s’il en était une. L’opposition Lune / Vénus, indique ce clivage de l’image féminine entre un maternel rétracté - Lune Capricorne – et un féminin érotique – Vénus en Cancer – servant de sein sécurisant. De fait, il a perçu sa mère comme froide et puritaine et recherché dans ses liaisons amoureuses un sein consolateur. Tour à tour épris de femmes lui apportant un appui social dans sa carrière ou lui servant de nourrices ou d’infirmières, il a toute sa vie oscillé entre ces deux modèles. Difficile, dans ces conditions, de trouver la compagne idéale - son descendant dans le signe des Poissons atteste de cette quête - et l’écrivain tentera de compenser ce rêve inaccessible par un penchant pour la dive bouteille, sa façon d’échapper aux pressions du quotidien. Neptune, planète de l’évasion, gouverne la maison VII, secteur de la relation de couple.
Jusqu’à ses 18 ans, il suit une scolarité normale au lycée mais aspire déjà à devenir écrivain. Dès 1916, ses premières histoires sont publiées dans les revues littéraires de son école. Il renonce aux études supérieures et devient reporter au Kansas City Star. C’est un sportif qui excelle à la boxe, la natation, au rugby, à la course et au water polo. Mars, planète de l’énergie physique, est en maison I et conjointe à l’Ascendant. Il a besoin d’action. Mais Mars est dissonant, Apex de l’opposition Neptune / Pluton à Saturne et de surcroît maître de la maison VIII, secteur des dangers et des pertes. Hemingway flirtera avec le risque et les blessures toute sa vie. De la première, grave, à sept ans - un bâton dans la gorge qui faillit le tuer – au coup de feu final en passant par un accident d’avion et un autre occasionné par son goût pour la pêche au gros, en achevant un requin.
Quand les Etats-Unis entrent en guerre en avril 1917, il décide de s’engager. Après un premier refus à cause d’un problème à l’œil, il parvient à se faire incorporer dans la Croix Rouge italienne comme ambulancier en avril 1918. Uranus, planète qui pousse au changement et à la rupture, transite à l’opposition de son Mercure, Maître d’Ascendant en Lion. Son besoin de liberté et d’affirmation s’exprime. A peine débarqué sur le front, il est grièvement blessé. Résultat ? Vingt-huit éclats de métal ou cent cinquante, selon les versions, éparpillés dans son corps, le clouent à l’hôpital de Milan pendant trois mois. C'est là qu'il rencontre Agnès Anna Von Kurowski, une infirmière dont il tombe éperdument amoureux, qu’il bombarde de billets doux et de déclarations passionnées mais qui le repousse. Elle sera immortalisée à travers le personnage féminin de Catherine Barkley dans son roman L'Adieu aux armes.
Marqué par les horreurs de la guerre et très éprouvé par son échec sentimental, il semble perdre toute illusion sur le sens de la vie. Il revient brièvement au bercail et écrit des articles pour le Toronto Star. Comme il s’adonne à la boisson et à la fréquentation des serveuses de bar, sa famille le met à la porte. Uranus, principe de distance, se trouve au Fond du Ciel, dans son thème natal, lieu des attaches familiales. Pour un natif du Cancer tout particulièrement dépendant de son passé et de sa famille, en quête de sécurité émotionnelle, le conflit est violent entre le sentiment d’appartenance à son milieu natal et celui d’en être rejeté qui peut se traduire, pour en moins souffrir, par un besoin de s’en démarquer. Il part s’installer à Paris comme correspondant à l’étranger, en 1922, accompagnée d’Elizabeth Hadley Richardson, une belle rousse de huit ans son aînée, dont il a fait sa première épouse deux ans auparavant sur un coup de foudre. Quatre autres suivront. Cette mère de substitution ne manque ni charme, ni d’argent. Vénus Cancer est opposée à sa Lune Capricorne : son intérêt pour la gent féminine est motivé par un besoin de protection dont il a manifestement manqué.
Amateur de la vie parisienne et de ses cafés, il voyage aussi en Europe et part en Espagne accompagnée de sa femme enceinte. Ebloui par le flamenco et la corrida, il donne à son premier fils le prénom d’un torero en vogue, Nicanor, surnommé Bumby. Inspiré par l’âme hispanique, il écrit en 1924 son premier et grand roman, Le soleil se lève aussi, dont le sujet se concentre sur un groupe de jeunes gens désaxés par la guerre. Sa publication en 1926 lui apporte un succès immédiat. Hemingway s’étourdit dans les fêtes et s’éloigne d’Hadley. Il rencontre Pauline Pfeiffer, une américaine toujours tirée à quatre épingles, attachée au bureau parisien de Vogue et qui tombe folle amoureuse de lui. Se forme alors un ménage à trois qui finit par exploser. Ernest divorce d’Hadley en 1927 pour épouser aussitôt Pauline qui se targue d’être celle qui fera accoucher l’écrivain de sa grande œuvre et de l’introduire dans le monde. Il abandonne à son ex-épouse ses droits d’auteurs du Soleil se lève aussi et la garde de Bumby et se sentira toujours coupable d’avoir quitté Hadley pour Pauline, d’autant plus qu’elle est enceinte de leur deuxième fils, Patrick qui naît au mois de juin 1928. La même année, en décembre, son père se suicide en se tirant une balle dans la tête avec le fusil de la guerre de Sécession appartenant à son grand-père.
Il se réfugie dans le giron de Pauline qui lui donne son troisième fils, Grégory. En 1930, il achète sa maison de Key West en Floride qui sera longtemps sa « base ». La publication de l’Adieux aux armes en 1929 et de Mort dans l’après-midi en 1933 le consacre définitivement comme un auteur mondialement connu. Son image médiatique en fait un héros, un grand guerrier, un grand boxeur et chasseur devant l’éternel ainsi qu’un grand amant. Un miroir dans lequel il ne se reconnaît pas. Le fossé se creuse entre ce qu’il ressent et le mythe construit par la presse. Il fréquente de plus en plus les bars et sombre dans l’alcoolisme. Il grossit, devient grossier, vulgaire, voire égrillard pour prouver sa virilité quand il est pris de boisson. Bref, le voilà sur la pente savonneuse. Entre des expéditions de pêche au gros sur son yatch le « Pilar » et après la publication des Neiges du Kilimandjaro, en 1936, il rencontre Martha Gellhorn, une jolie journaliste et romancière de vingt-huit ans, blonde et svelte, au regard vif, pour qui il craque complètement. Elle rêve d’apporter son soutien aux républicains en Espagne. Il se fait pygmalion et l’y emmène. La relation avec Pauline commence à décliner. Folle de rage, elle vide la maison de l’écrivain. Le soir de Noël 1939, la rupture est consommée. Ils divorcent et Hemingway épouse Martha l’année suivante. 1940 est aussi l’année où sort son roman Pour qui sonne le glas qu’il écrit sans laisser décanter ses souvenirs, contrairement à son habitude. Le succès commercial est énorme. Quand les Etats-Unis entrent en guerre, le couple riche et célèbre veut servir sa patrie. Hemingway fait l’acquisition d’une grande maison blanche située sur une colline de Cuba où il passera plus d'une vingtaine d'années. C’est aujourd'hui un Musée à sa mémoire.
Son Soleil en Cancer et en maison XI, secteur des amis et du public, se trouve en dissonance de Jupiter. Sa tonalité narcissique s’allie à une bonne dose d’exhibitionnisme. Cet aspect de démesure, illustrant généralement un modèle paternel n’ayant pas permis une structuration équilibrée de l’identité masculine, pose le problème des limites. L’insécurité ressentie auprès du père, - dans son cas, vraisemblablement écrasé par les exigences d’une femme dominatrice - s’assortit d’une hypertrophie du moi et se déplace sur des aspirations compensatrices de grandeur, de luxe ou de pouvoir. C’est évidemment un leurre qui met le sujet en porte-à-faux dans ses liens sociaux puisqu’il n’y exprime pas sa vérité intérieure. Ce paravent grandiloquent ne peut masquer indéfiniment l’insatisfaction qui se cache derrière. À La Havane, il crée une petite organisation paramilitaire, la « Crook Factory », destinée à traquer les nazis présents sur l'île. Il patrouille lui-même sur son bateau de pêche baptisé « El Pilar », en compagnie de son fidèle capitaine Gregoria Fuentes qui servit plus tard de modèle au héros du vieil homme et la mer.
En 1944, Ernest Hemingway est à Londres. Les relations entre Martha et Ernest se sont effilochées. Souvent odieux, toujours entre deux vins, celui qu’elle appelle « papa » tombe amoureux de Mary Welsh, journaliste blonde comme Martha et de dix ans plus jeune que lui. Elle sera sa quatrième épouse. Au printemps 1944, il couvre, au titre de correspondant de guerre, le débarquement des Alliés en Normandie et la Libération de Paris pour le magazine américain Collier's. Son fait le plus marquant consiste toutefois à libérer le bar du Ritz avec une douzaine d'hommes de la Deuxième Division Blindée. Le champagne coule à flots. Il rentre ensuite à cuba épouser Mary Welsh en 1946. Mais il sombre de plus en plus dans l'alcoolisme et la dépression. Vieilli prématurément, il souffre de maux de tête, pèse beaucoup plus de cent kilos, se montre très irascible et regrette d’avoir divorcé de Martha. Toujours cette culpabilité récurrente. Pour Mary, c’est le début d’un long calvaire. Lorsqu’il a bu, il la traite de façon abominable. Pour l’aider à lutter contre son hypertension et ses terribles crises d’éthylisme, la dévouée Mary lui propose à nouveau de voyager. Ils partent pour l’Italie en 1948. C’est là qu’il s’entiche d'une nouvelle muse, Adriana Ivancich, fervente catholique âgée de 19 ans, à qui il déclare « j’écrirai pour toi le plus beau des romans ». Mary se tait. Il publie Au-delà du fleuve et sous les arbres en 1950. Mais c’est surtout, en 1952, la parution de son livre le plus célèbre, une nouvelle écrite d’un seul jet et que les critiques vont trouver d’une absolue perfection, Le Vieil Homme et la mer, qui lui vaut successivement le Prix Pulitzer 1953 et le Prix Nobel de Littérature 1954 qui couronne l’ensemble de son œuvre « pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l'art de la narration moderne ».
L’écrivain est un perfectionniste. D’abord par Mercure, Maître d’Ascendant et du secteur professionnel en Lion. Il tient à sa réputation et veut briller. Mais aussi à la manière pointilleuse d’un Mars, maître de III - l’expression - en Vierge. Il peaufine ses manuscrits jusqu’au moindre détail. Comme l’a expliqué son premier traducteur : « son écriture est très simple, épurée à l’extrême, enchaînant les actions du récit de manière journalistique, voire presque télégraphique ». Un style unique, parfaitement identifiable, dont l’économie est bien représentative du signe de la Vierge.
Cette reconnaissance internationale n'apaise toutefois pas l'auteur qui est de plus en plus malade. En 1960, il retourne aux Etats-Unis où il est admis deux fois dans une clinique psychiatrique qui le soigne à coups d'électrochocs. Devenu impuissant, se sentant sombrer dans la cécité à cause du diabète et touché par la maladie mentale – il a des crises de paranoïa aiguë - il se suicide d’un coup de fusil le 2 juillet 1961, dans son chalet de Ketchum – Idaho - répétant le geste de son père dont il semble avoir hérité les troubles bipolaires qui ont été en augmentant tout le long de sa vie. Saturne, un des maîtres de sa maison VI, la santé, est en dissonance de Mars, maître de VIII, secteur des héritages, de Neptune, qui décuple l’émotivité et peut conduire aux paradis artificiels, et de Pluton, principe mortifère générateur d’angoisse et de violence. Une configuration réputée fragiliser le sujet car elle le prédispose à la cyclothymie, les accès pulsionnels passant par des phases de surexcitation suivis de phases dépressives où le désespoir l’emporte.
Sa petite-fille, Margaux Hemingway, mannequin vedette dans les années 70 et prénommée ainsi en l’honneur du célèbre cru bordelais, souffrit également de problèmes d’alcoolisme et changea son prénom en Margot. Elle se suicida à l’âge de 41 ans, le jour anniversaire du suicide de son grand-père. Comme lui, son thème présente des dissonances Mars / Neptune et Saturne / Pluton soulignant, s’il en était besoin, la transmission psycho-généalogique.
La mort violente qui survient de manière répétitive dans cette famille nous remet néanmoins en mémoire l’épigraphe de Pour qui sonne le glas : « La mort d’un homme me diminue moi aussi, parce que je suis lié à l’espèce humaine. Et par conséquent n’envoie pas demander pour qui sonne le glas. Il sonne pour toi ».